#MikhailCiel enneigé, emmitouflés dans des draps douillets, rituel matinal dominical. En position fœtale, je me roule à l'intérieur de ma couette, comme protégée du froid douloureux de la sainte Russie. La chaleur m'enveloppe d'une douce bienveillance, tandis que j'entend la fenêtre claquer à un rythme effréné. J'entend les cloches sonnées au loin de la grande cathédrale. Je grogne lentement, la tête dans l'oreiller, comme s'il pouvait me protéger d'une prochaine journée. Derrière le mur, j'entend Mikhail s'activer. Nous sommes dimanche, tout doit être prêt. Les yeux mi-clos, j'observe la lumière transperçant les mailles de mes draps, une étrange clarté, presque céleste, divine.
Cette nuit, j'ai rêvé de lui. De son visage fermé et dur, de sa peau rugueuse, de sa voix rocailleuse, d'homme ayant déjà tout vécu. J'ai palpité, ma lèvre inférieure mordillée nerveusement par mes dents frénétiquement, un sourire niais, de gamine excitée. Je remue dans mon couchage. Mais je reprend vite mes esprits, je me calme, reste sur place, au chaud, je le vois, fumant sa cigarette avec amour, comme s'il n'y avait plus que ça qui arrivait à faire de ce monde quelque chose d'honorable. La cendre s'étaler sur le sol avec fracas, s'éparpillant dans le vent en un million de particules intouchables. Je souris, de nouveau.
Il ne s'annonce pas, il pousse la porte en grand, je devine son air innocent, et son contentement. Il a la pêche, je le sens rien qu'au bruit de ses pas puissants, de sa démarche extravagante et souple. Il s'installe sur le bord de mon lit, attrape la petite télécommande posée négligemment sur ma table de chevet. Allume le téléviseur et entend la musique du générique des zinzins de l'espace. Iggy Pop dans toute sa splendeur. Monster men, chanson étrange, détonante, attachante, probablement abrutissante même. " Bouge ton cul où j'vais tout bouffer. " J'réagis au quart de tour, me déloge de mon habitacle. Il me tend le plateau du petit déjeuner que je tiens avec fierté et gourmandise, tandis qu'il ferme la fenêtre avec grossièreté. Il se rassoit, prend place à mes côtés, je lui tend son café qu'il attrape avec plénitude. Je sers deux bols de frosties, et verse le lait dans celui du suceur de queue. Dans le mien, pas de lait, mais une dose impressionnante de vodka à je sais pas combien d'degrés.